LA PREHISTOIRE

Notre région a été "colonisée" par l'homme, depuis la nuit des temps. Des vestiges archéologiques témoignent de ce passé.

La découverte de « l’homme de Biache » qui vivait il y a 250 000ans a consacré notre vallée de la Sensée sur le devant de la scène archéologique nationale et internationale grâce notamment à M. Leman, responsable des antiquités préhistoriques du nord de la France.

Voie de pénétration, à cette époque, reliant l'Escaut à l'Artois, la Vallée de la Sensée(La Satis) a facilité l'installation humaine. C'est dans les villages voisins de Tortequesne qu'existe la plus grande concentration de dolmens, de menhirs, de polissoirs du Nord de la France. Ces mégalithes datent de 6 000 à 2 500 ans avant notre ère.

Les fouilles archéologiques menées à Tortequesne lors de l’exploitation de la sablière du Mont Bédu ont exhumé de nombreux éléments de céramique L’étude de ces poteries par les archéologues P. Demolon et J.Hurtrelle atteste de la présence de l’homme sur notre territoire entre  -150 et -30 avant JC.

LE MOYEN AGE

Il faut faire un bond important dans le temps pour évoquer le nom de Tortequesne avec le chevalier François de Torteken qui figure au tournoi d’Anchin en 1096. Toutefois, la famille seigneuriale de Torteken régnait sur les terres d’Hamel. C’est ainsi que cette commune a fait sienne des armes des seigneurs de Torteken, à savoir de sinople au chef d’hermine.

Au XIIème siècle, notre village dépendait du domaine de Lécluse et comptait toujours un de ses habitants dans la composition du magistrat de cette localité. Le voisinage du château de Lécluse, qui renfermait une garnison espagnole, fit éprouver bien des désastres au village de Tortequesne.

1297 : Tortequesne est en Flandre Wallonne. Le  territoire conquis par Philippe le Bel, roi de France, rejoint la couronne.

1369 : Par le traité de 1369, Charles V cède au Comte de Flandre et à ses successeurs les terres et le Château de Lécluse, ainsi que Tortequesne, Dury, Etaing, Eterpigny qui  dépendaient de Lécluse.

Les familles seigneuriales

Des origines jusqu'au XVIème siècle, les familles de Tortequesne et de Hamel constituaient la seigneurerie d'Hamel. Au XIVème siècle, la seigneurerie d'Hamel appartient à la famille DE TORTEQUESNE, famille issue selon la tradition, des châtelains de Douai. Elle en porte les mêmes armes: "De sinople au chef d'hermine"

Robert le bâtard serait le père de Jacques  DE TORTEQUESNE, écuyer, marié à MARIE JEANNE DE HAYNECOURT

Dans des actes de 1320 à 1338, est mentionné le nom de JACQUES DE TORTEQUESNE, écuyer, homme de fief du comte de Flandre  à Arleux.

JACQUES DE TORTEQUESNE est dit "Brongniart" surnom que l'on retrouvera souvent dans la famille de TORTEQUESNE

JACQUES DE TORTEQUESNE qui est décédé en 1364 aurait été inhumé dans le couvent des dominicains de Douai.

 

Avec la mort de PHILIPPE DE TORTEQUESNE  s'éteindra la famille DE TORTEQUESNE. Ses armoiries constituent aujourd'hui celles de la commune d' Hamel.

 

Extraits de "HAMEL" Histoire d'un village du Douaisis » de SERGE DORMARD

 

Le 31 octobre 1521, pendant la guerre entre François 1er et Charles Quint, l’armée française quitta ses cantonnements du comté d’Ostrevent. Un accident signal cette marche précipitée : Le pont de Tortequesne s’écroula pendant la nuit et les bagages furent précipités dans la rivière Sensée. L’ennemi, informé de ce désastre, envoya, de Douai, un détachement pour  reconnaître la position des français. Mais la cavalerie du Roi, commandée par le compte de Brienne et le seigneur de Mouy avec 2000 hommes d’infanterie, l’arrêtèrent et le firent rentrer dans la ville  (extrait des mémoires de Martin et Guillaume de Belloy)

Albums de Croy

La planche 160 des albums de Croy (1610) nous montre une vue de Tortequesne prise de l’ouest.

La miniature est traversée par la route venant de Bapaume, Lécluse (à droite) et se dirigeant vers Douai (à gauche). Le dessinateur a réduit à une courbe les virages plus prononcés du chemin. Sur un étang de la Sensée, à l’aide d’un grand filet, des pêcheurs sont à l’œuvre. Le village d’une dizaine de maisons dont deux de briques est bâti de part et d’autre de la route. L’auberge, une des deux constructions en brique est marquée par son enseigne. Le château de briques est couvert de tuiles. Sa ferme, autour d’une cour rectangulaire, possède un haut portail d’entrée, et sans doute, un pigeonnier. A gauche, la chapelle ; Tortequesne, secours de Bellonne , n’avait pas d’église paroissiale.

L’aspect des lieux s’est considérablement modifié depuis le temps où Adrien de Montigny les a visités. Les étangs ont été asséchés, le château a disparu et les destructions des guerres et le temps ont entraîné la reconstruction du village.

Tortequesne, tout comme Etaing, Eterpigny et Dury, était de la dépendance ou poëté (potestas) de Lécluse.

Cette seigneurerie fut vendue, par décret, à la gouvernance de Douai, en 1717, par la famille Hornes-Houtekerke et achetée par M. de Maertens, demeurant à Lille. A la révolution, elle appartenait à M. Diedman, Marquis de la Rianderie, qui résidait ordinairement en son château de Lécluse

Il n’y avait à Tortequesne avant la révolution qu’une chapelle fondée par les seigneurs de Lécluse et qui dépendait du diocèse de Cambrai ; elle servit d’église paroissiale à Bellonne lorsque l’église de cette commune fut détruite en 1710.

L’église actuelle, paroisse St Martin, fut bâtie en 1827, grâce à la générosité de Madame la Marquise de la  Rianderie.

La période moderne

Tortequesne n’eut pas à souffrir de la guerre de 1870, les prussiens n‘étant pas parvenus jusque dans nos contrées. Cependant, pour se prévenir d’une éventuelle invasion jusque dans nos terres, les autorités militaires ont volontairement détruit le pont de la Marche Navire.  Ce fut à Tortequesne, la seule destruction de la guerre franco-prussienne de 1870.

La grande guerre 1914-1918, quant à elle, fut catastrophique pour la population et pour le territoire. Le village subissait l’autorité de l’occupant et la kommandantur siégeait dans les locaux d’une ferme de la rue de Sailly. 

Les bombardements alliés de 1917 ont détruit le village à 80%, ce qui valut à Tortequesne l’octroi de la médaille de guerre le 23 septembre 1920. Quelques semaines avant les pluies d’obus, notre village fut vidé de ses habitants comme en témoigna Thérèse, 13 ans en 1920 : « La chose la plus triste qui est restée dans ma mémoire, c’est l’évacuation. Le 17 avril 1917, tous les habitants du village furent dirigés sur la Belgique. Tous, vieillards, infirmes, femmes, enfants, nous fûmes rassemblés sur la place à six heures du matin. Il neigeait, on nous fit attendre deux heures. Les petits pleuraient, les vieux se plaignaient, il faisait froid. Bientôt, je ne vis plus les dernières maisons du village, mon cœur se serra. J’avais envie de pleurer. Aujourd’hui, je suis revenue dans ma maison, démolie. »

Au terme de ces quatre années tragiques, Tortequesne fut libérée par les troupes canadiennes le 11 octobre 1918.

Un monument aux morts fut érigé sur la place du village en  1923 pour honorer les soldats tortequesnois morts pour la France.  Un second monument fut installé suite à une souscription de la quasi-totalité des habitants du village en 1928 au pied du carré des Poilus, dans le cimetière communal.

Près de deux décennies plus tard, Tortequesne se retrouvait une nouvelle fois sous le joug de l’occupant allemand. Cette fois ci ce furent les américains qui vinrent délivrer notre village avec l’aide des 10 FFI Tortequesnois regroupés sous les ordres de Fernand Lefebvre depuis novembre 1942.